JEAN III SOBIESKI

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JEAN III SOBIESKI

JEAN III SOBIESKI (1624-1696) roi de Pologne (1674-1696)

Fils aîné de Jakob Sobieski, castellan de Cracovie, Jean Sobieski, après avoir terminé ses études à Cracovie, voyage pendant deux ans en France, en Angleterre et aux Pays-Bas. Il retourne en Pologne en 1648 au moment de la révolte des Cosaques commandée par Bogdan Chmielnicki (Khmielnitski), et prend part à la tête de son propre détachement à la campagne de Zborow (1649) et de Beresteczko (1651), où il est gravement blessé. En 1654, les Suédois envahissent la Grande Pologne. Cette période de l’histoire fut appelée par les Polonais le Déluge, la Suède ayant occupé presque toute la République. Le roi Jean-Casimir s’étant réfugié en Silésie, Charles X de Suède s’apprêtait à ceindre la couronne de Pologne. Jean Sobieski passe dans le camp des Suédois avec la plus grande partie de l’armée polonaise. L’année suivante, il change de camp à nouveau et aide Stefan Czarniecki à chasser les Suédois de la Pologne centrale. Il participe ensuite aux combats contre Moscou et les Cosaques. Dans l’entourage de la reine Marie-Louise de Gonzague, il fait connaissance de la marquise Marie-Casimire de la Grange d’Arquien, dite Marysienka, dont il tombe éperdument amoureux et qu’il épousera à la mort de son mari en 1665. Il est partisan de la politique du roi, qui tentait d’introduire d’importantes réformes des institutions (abolition du liberum veto , impôts permanents, le gouvernement du roi assisté d’une commission permanente des sénateurs et des nonces). Ces projets sont compromis par les intrigues de la reine Marie-Louise, qui voulait assurer la succession du trône de Pologne au duc d’Enghien ou au Grand Condé. En protestation contre cette élection anticipée, l’hetman Lubomirski fomente une insurrection (1664). Jean Sobieski lutte contre Lubomirski. En 1665, le roi le nomme grand maréchal de la Couronne, puis, en 1666, commandant en chef de l’armée polonaise. Après deux ans de guerre civile, le roi renonce à l’élection anticipée. Il conclut la trêve d’Andrusowo avec Moscou (1667), par laquelle les Polonais renonçaient à Smolensk et cédaient aux Moscovites la rive orientale du Dniepr. La paix générale obtenue, Jean-Casimir abdique en 1668. Jean Sobieski, sous l’influence en particulier de sa femme Marie-Casimire, appuie la candidature du fils du prince de Condé, d’Enghien. Mais Condé est écarté au bénéfice du prince Michel Korybut Wi ごniowiecki (1669-1673), personnage médiocre. Jean Sobieski, méprisant la faiblesse de son caractère et lui reprochant d’avoir repoussé sa proposition d’accroître l’armée régulière, réclame son abdication. La guerre civile paraissait imminente lorsque, en janvier 1672, le sultan Mehmet IV envahit la Pologne. La Turquie dicte au roi de Pologne des conditions humiliantes, acceptées par le traité de Buczacz (18 oct. 1672). La Pologne doit céder l’Ukraine avec la Podolie. Les Polonais réconciliés enfin, la Diète refuse de ratifier le traité et vote de forts crédits. À la tête d’une armée, Sobieski enleva le grand camp retranché de Chocim (Khotine) le 11 novembre 1673. Le roi Michel Korybut Wi ごniowiecki était mort la veille à Lwów. Jean Sobieski accourt à Varsovie pour se présenter comme candidat au trône vacant. On lui fit un accueil triomphal. Il dompte les assemblées par son éloquence tantôt familière, tantôt épique et est élu à l’unanimité le 21 mai 1674. Il recommença aussitôt la guerre contre la Turquie. Son siège de Lwów le rendit célèbre. La trêve signée après la victoire de Zorawno laisse cependant la Podolie aux Turcs (1676). Les mains libres, Jean Sobieski déploie ses efforts pour recouvrer la Prusse ducale selon l’alliance secrète conclue avec la France à Jaworow en 1675, qui prévoyait que Sobieski attaquerait la Prusse ducale, tandis que la France obtiendrait de la Turquie la restitution des territoires enlevés à la République. La Pologne pourrait ainsi combattre contre le Brandebourg ou l’Autriche avec lesquels la France était en guerre. Ces plans sont déjoués par l’opposition des magnats polonais, par le manque d’aide réelle de la part de la France et par l’imminence d’une nouvelle invasion turque. La cour papale et le clergé polonais s’opposent aussi à la politique du roi. Vienne et Rome veulent prolonger le conflit polono-turc de façon que la Porte ne puisse attaquer les Habsbourg en Hongrie, ce qui, à son tour, devrait aider la cour impériale à continuer la guerre avec la France. Jean Sobieski doit renoncer à attaquer la Prusse ducale. Il entreprend de constituer une ligue européenne contre la Turquie. Mais Léopold Ier se montre froid et méprisant face à ses projets. Ce n’est qu’en 1683 que l’Autriche aux abois s’allie avec la Pologne contre la Porte. L’armée ottomane se trouve déjà aux portes de Vienne, menaçant l’existence même de l’Empire. Jean Sobieski accourt au secours de la capitale autrichienne à la tête de vingt-cinq mille soldats. Commandant les forces polono-austro-allemandes réunies (environ 70 000 hommes), il bat, le 11 septembre 1683, au mont Kahlenberg, sous les murs de Vienne, l’armée turque à peu près égale en nombre. Il conduit lui-même la charge des hussards polonais. L’ennemi, en déroute, s’enfuit et tout son camp tombe aux mains des vainqueurs. Mais, au lieu de conclure rapidement la paix avec la Turquie affaiblie, Sobieski, cédant à la pression de la diplomatie pontificale, entre en 1684 dans la Sainte Ligue (alliance de la Pologne, de l’Autriche, de Venise et de Rome). La Pologne se condamne ainsi à de longues luttes épuisantes avec les Turcs et les Tartares, dont seule l’Autriche allait recueillir les fruits en conquérant presque toute la Hongrie. Elle n’accorde aucune aide substantielle à Sobieski dans ses expéditions en Ukraine, par lesquelles il espère reprendre la place forte de Kamieniec et placer sur le trône de Moldavie son fils Jacques. Il doit conclure une alliance avec la Russie en 1686, renonçant définitivement aux territoires perdus par la paix d’Andrusowo. La Turquie ne consent qu’à la restitution de la Podolie avec Kamieniec, mais en exigeant que les fortifications de cette place forte soient démantelées. Jean III Sobieski ne vécut pas assez longtemps pour voir aboutir les négociations de paix, signées seulement en 1699, et par lesquelles la Pologne recouvrait la Podolie avec Kamieniec et les voiévodies de Kiev et de Braclaw. Les douze dernières années de son règne furent malheureuses. Sa dernière campagne en Moldavie se solda par un échec. Les Polonais, las de cette interminable croisade, récriminaient contre leur vieux roi. Il eut à lutter contre le Sénat composé de traîtres, les diètes révoltées et des alliés ingrats. Il mourut dans son palais de Wilanow. Sa correspondance avec sa femme Marysienka a une valeur historique et littéraire. Jean Sobieski fut aussi un connaisseur et un mécène. Il fonda une école des beaux-arts à Wilanow, près de Varsovie.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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